Notre complicité.

Maman,

Lorsque j'étais enfant, toi et moi, étions très complices. Complices de vol, de mensonges, de tricheries. Tu m'as bien vite appris à mentir à mon père, puis mon instinct de survie a fait le reste.

Je me souviens de nos virées en "courses". Dans les magasins d'alimentation tu volais de la nourriture. Combien de fois as tu été interpellée par les vigiles ? Combien de fois ai-je eu honte pour toi et envie de me jeter sur ces gens que tu suppliais en pleurant de ne pas déposer plainte, sans quoi ton mari te tuerais. La plupart du temps tu t'en es sortie avec une bonne peur.

Par contre le jour où tu m'as emmené aux "Nouvelles Galeries", j'ai pu constater que notre complicité restait limitée. Nous avons fais le tour du magasin, tu as volé des vêtements pour toi, moi j'ai glissé un tee-shirt sous mon pull. Nous sommes sorties sans problèmes, puis, dans ta voiture nous avons déposé dans nos portières respectives le fruit de notre larcin.

Nous devions rentrer à la maison, mais finalement, tu as décidé d'aller de nouveau dans le magasin, tu avais vu un article qui te plaisais. Je t'ai suivi, tu as volé ce que tu voulais et nous allions partir lorsque trois femmes se sont précipitées vers toi. D'autorité, elles ont retiré de ton sac, ce qui s'y trouvait. Puis, elles te demandèrent d'ouvrir ta voiture pour y récupérer ce qu'elles t'avaient déjà vu voler quelques minutes plus tôt. De mon côté, l'une d'elle trouva le tee-shirt que j'avais volé. Ta réaction fût immédiate et sans équivoque : "Ca, c'est pas moi !" Je me souviens de ces instants comme s'ils venaient d'arriver, j'avais douze ans. La personne te demanda, interloquée : "Ce n'est pas vous ?", et tu m'as regardé.

Cette fois, elles ne t'ont pas fais de cadeaux, te demandeant si tu n'avais pas honte de l'exemple et de l'éducation que tu me donnaient. Elles t'ont demandé de ne pas m'accuser afin de m'éviter le tribunal pour enfant. Tu as eu beau pleurer, supplier, prétendre que ton mari, trop honnête, demanderait le divorce, elles ont déposé plainte. Tu es passée au tribunal quelques mois plus tard.

Quant à moi, complices que nous étions, tu m'avais tout simplement balançé !

Alors, sois gentille, ne me donne pas de leçons, fais toi toute petite et continue à lire ce blog. Je vais te rafraichir la mémoire, tous les jours un peu plus...



19/06/2007
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