Flo, mon amour, nous sommes morts...
Mon fils, Florent, je t'aime,
Mon bébé, depuis quelques jours, je ne t'ai rien dis, pas écris. Je n'ai pas voulu m'exprimer sur la façon dont je vivais ma nouvelle solitude, un autre tournant de ma vie. Ne rien dire pour ne pas réjouir certains et anéantir d'autres.
Mais aujourd'hui, je me suis levée si tard, si mal que j'ai envie de te parler. Parce que j'en veux au monde entier, que je suis très fachée.
Le monde entier, c'est mon monde à moi, tes frères, ta soeur, toi et moi. Juste nous cinq. Je m'en veux. Je suis fachée contre moi même de m'être infligée, en vous mettant tous les quatre au monde, pareilles responsabilités. J'en veux à tes frères d'être là, d'avoir besoin de moi, parce que je les ai voulu, tout comme toi, sans papa. Je leur en veux de m'aimer tellement que je les briseraient en les abandonnant. J'en veux à ta soeur, d'être là, de m'obliger à me lever, à l'écouter à lui parler. D'être obligée de respirer, de ne pas pleurer et de la regarder parce qu'elle n'est pour rien dans tout cela. Je t'en veux, Flo, de ne pas m'avoir fait confiance, pas écouté. Je t'en veux de tes conneries qui m'ont anéantie. Je t'en veux de t'être tué. Je t'en veux de m'avoir tué.
Flo, mon bébé, je m'en veux de vous en vouloir. A vous, mes petits. A toi, mon Roi. A Tony, mon beau Prince. A Vincent, mon petit Nanouche. A Clara, mon petit soleil, mon concentré de vie et d'amour, ma petite fille, ma seule fille.
Flo, dehors, le soleil brille, mais je ne vois rien. Flo, dehors, les enfants jouent, crient, mais je n'entends rien...
Flo, mon amour, nous sommes morts...