23 années sont passées,

Papa,

Il y a 23 ans que j'ai quitté ta maison, j'avais 19 ans et pour seul bagage l'enfant que je portais. Nous étions le 11 juillet 1984 et je n'avais pour seul revenu que les allocations de parents isolés. J'ai commençé à les percevoir au mois de mai, elles s'élevaient à environ 2300 francs. A compter de ce jour, tu as exigé que je te verse 900 francs de pension mensuelle. Je n'avais rien pour mon enfant, pas de mobilier pour mon appartement, mais qu'importe, je suis partie avec mon lit, un réchaud et une chaise de camping. Le confort et l'avenir de Florent ne semblait pas t'inquiéter outre mesure. Tu étais débarrassé de moi et, merci Mon Dieu, j'étais aussi libérée de toi.

L'âme pleine de bleus et le coeur en morceaux, je suis entrée dans le monde des adultes alors que je n'étais qu'une enfant. La naissance de Florent m'a sauvé. L'amour que je ressentais pour lui refermait doucement mes plaies béantes puis ses frères ont terminé le travail. C'est pour eux que je me suis battue. Je suis restée près d'eux pendant douze ans puis j'ai du entrer dans le monde du travail. Tu m'as proposé un poste dans l'entreprise que tu venais d'acheter avec deux associés. Pour la financer, tu as plumé tes parents et beaux parents. Tu n'as jamais rendu un centime.

De nouveau, je me retrouvais sous ta coupe et les deux premières années furent très difficiles. A vivre près de toi, 9 heures par jour, sur ton lieu de travail m'a ouvert les yeux, j'ai enfin compris...

Tu n'avais de PDG que le statut. Tu étais incapable de remplir le moindre document, tu ne savais pas régler une facture, ni faire un rapprochement bancaire. Tes seules connaissances étaient techniques et tu n'étais qu'un chef d'atelier. A me donner ton travail à faire pendant que tu torchais la bouteille de whisky cachée sous ton bureau, j'ai beaucoup appris. Si bien qu'en 2003, après que Florent ait terminé son apprentissage, j'ai moi aussi acquis ma propre entreprise...toute seule. Tu as refusé de me soutenir financièrement et pour plus de sécurité maman et toi avez disparu soudainement de mon environnement pendant 6 mois.

Puis, vous êtes revenus et je vous aient ouvert les bras. Nous avons parlé du boulot que nous abattions avec Florent, du dynamisme que nous mettions dans notre "petite boite" et j'ai naïvement cru que cela te faisais plaisir.

Tu venais nous voir, une fois par semaine à l'entreprise. Je pensais que tu étais content de retrouver ton milieu professionnel, celui de la Mécanique Générale. Tu nous regardais travailler, je croyais que tu étais fier de nous. Mais tu voulais une place chez nous et je ne te l'ai pas donné.

Alors, comme un animal guette sa proie, tu as attendu patiemment l'occasion de tout briser. Ton rêve s'est réalisé lorsque Florent a perdu la tête et vu en toi la possibilité de réaliser son caprice...un nouveau véhicule haut de gamme.

En l'espace de six mois, tu as fracassé ce que j'avais mis des années à construire. Avais tu également prévu de te débarasser de Florent, ce garçon étant le clone de ce que tu as toujours révé d'être ?

Dans tous les cas, il faut bien l'avouer, tu as été très fort, excellent dans ton rôle de manipulateur pervers. Tu as juste oublié un petit détail, tu m'as laissé en vie.

Désormais, saches que malgré tes cent kilos, je suis capable de t'écraser comme un insecte. C'est sur cette terre que tu vas connaître l'enfer...



19/07/2007
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