J'étais bien là...
La semaine dernière, vous avez encore eu une petite frayeur. Je sais, j'avais accepté, sous réserves, de ne plus m'approcher de votre méchant foyer. J'avais accepté de ne pas répondre à vos provocations, de vous laisser moisir. J'avais accepté de vous laisser sans broncher, courir dans tous les sens. Je n'ai pas menti. M'insulter, porter plainte contre moi, tenter de me faire enlever ma fille, demander à ce que je sois internée, téléphoner à la terre entière pour me maudire et même me haïre, tout ça vous pouvez le faire.
Mais Florent, évidemment, fallait pas...avez vous vraiment cru que...
Je ne sais pas qui m'a poussé, il y a quelques jours à me rendre chez vous, m'approcher de votre boite aux lettres...et d'y lire le nom de mon fils sous le vôtre. C'est bien moi qui ai tout arraché et laisser un trou béant en lieu et place de vos patronymes.
Puis, j'ai traîné autour de votre maison, tranquillement, sans bruit, je vous ai regardé. Les caméras ne m'ont pas filmé, le chien n'a pas bronché et même l'homme qui était chez vous, qui est sortit jeter un oeil après que j'ai fais un peu de bruit, ne m'a pas vu. Il vous a dit : " Bah non, y'a personne..."
Bah, si j'étais bien là...Je suis toujours là. En ce moment, toi, ma mère, tu lis cet article, en fronçant les sourcils, derrière tes lunettes rouges. Comme la nuit, lorsque je vous observe entre les lamelles de vos vieux volets, toi, dans ta cuisine à consulter des livres de recettes et ton mari avachi, tel un lamentin, sur le canapé devant la télé.
Ne lèves pas la tête avec cet air térrorisé ! Ne regardes pas par la fenêtre, ni sous les meubles, tu ne me verras pas. Ne cours pas à la gendarmerie avec cet article, tu y perdrais ton temps. Nous trois, c'est une histoire de famille et elle sera réglée comme telle.
J'étais bien là lorsque tu as cru me voir, je suis encore là lorsque tu ne t'en doutes même pas, je serai toujours là quand tu ne m'attendras plus...
Parce qu'ainsi va la vie, même si je ne l'ai pas choisit...